Écrire une histoire et ses personnages, toute une aventure

Écrire une histoire est une aventure passionnante, mais c’est aussi un parcours du combattant.

Une histoire n’est pas qu’une suite de péripéties. Elle doit raconter quelque chose, servir un propos, nuancer des points de vue, mettre en avant des thématiques, avoir des personnages crédibles, leur permettre d’évoluer sans forcément mourir, et faire en sorte que les lectrices et lecteurs parviennent à comprendre ce qui se passe sans les noyer sous une montagne d’informations. Oui, ce n’est pas une mince affaire.

Doit on faire une histoire originale?

Il est quasiment impossible de raconter quelque chose sous une forme qui soit totalement originale.

Depuis les siècles que les humains savent écrire, et ne se privent pas de réécrire, ne pas avoir de structure originale est en fait beaucoup moins un souci qu’il n’y paraît. Recherchez une authenticité à votre récit plutôt qu’une forme d’originalité. Ce n’est pas parce qu’il existe déjà mille versions du petit chaperon rouge que vous n’avez pas des choses à raconter dessus, ou qu’on ne verra pas encore et encore des histoires propre à notre époque qui n’auraient pas pu être crées il y a de ça dix ans.

Que nous réserveront les histoires dans les années qui viennent? Vous pouvez les écrire!

Construire ses personnages

Travailler ses personnages est une partie à ne pas négliger. Il faut qu’à tout moment on puisse les distinguer, savoir ce qu’ils veulent et comprendre quand ils changent.
Vous pouvez prendre un sujet, puis articuler des arguments en sa faveur ou défaveur, et construire vos personnages autour de ces postures. C’est une façon de faire comme une autre.

Vous pouvez regarder comment sont définis les profils psychologiques si cela vous intéresse et vous demander comment cela s’appliquerait à vos personnages. Ils peuvent avoir des opinions très tranchées à l’origine, puis suite à un évènement ou plusieurs expériences, modifier leur avis et les curseurs qui les font agir.
Mais ce n’est pas forcément le cas, et cela peut être reproché par le public. Dans le cas où à la fin de l’histoire rien n’a changé par rapport au début, les lecteurs risquent de se sentir arnaqués: ils sont là pour vivre par procuration une histoire qui a un début, un milieu, et une fin.
C’est d’ailleurs quelque chose qui dépend grandement du type de récit, si vous faites un feuilleton ou un court métrage ce ne sera pas du tout pareil. Certains genre d’histoire ayant été créé pour être vus dans des quotidiens du petit écran ou du journal, ils avaient pour objectif d’avoir des personnages très constants et sans évolution majeure pour que l’on puisse les suivre sans être nécessairement assidu.

Les personnages changent dans le temps

En bande dessinée aussi, on s’attend à ce que les personnages ne changent pas du tout d’apparence ou ne changent pas du tout le cours des choses dans leur ensemble, de façon systémique, sans quoi on ne suivrait plus leurs épisodes. Une grande ville est pourrie par le crime, un super héros s’y oppose en les dégommant un par un mais ne parvient pas à s’attaquer à la source du problème et doit donc ad vitam dégommer des méchants issus de cette espèce d’usine à super villains sans jamais s’attaquer à ses rouages.

C’est un reproche que j’ai lu qui est fait aussi à tous les (super) héros mais qui tient en fait en majorité au format de publication et à un contexte politique défavorable à l’introspection systémique plus qu’à une paresse scénaristique selon moi. Quoique. Les deux sont très liés, surtout dans un monde où écrire un livre ne vous garantit absolument pas un revenu de base pour toute votre vie.

Construisez une vie propre et une personnalité aux personnages

Essayez aussi des modèles pour vous lancer des idées juste en remplissant des propriétés de vos personnages dans un tableau.
Par exemple:
– Nom
– Prénom
– âge
– taille
– yeux
– cheveux
– description résumée
– tempérament
– lien avec sa famille
– classe sociale
– hobbies
– évènements marquants
– objectifs
– obstacles
– évolution du personnage
– façon de parler
– habits
– aime
– n’aime pas
– profil psychologique OCEAN
– ouverture
– consciencieuseté
– extraversion
– agréabilité
– névrosé

Essayez avec des personnages que vous avez déjà utliisé, sans forcément remplir tous les champs, cela vous permettra de voir une nouvelle lumière sur eux.

*** Faites des arcs narratifs

Habituellement on propose une structure narrative générale de la sorte pour avoir une vraie structure:
– situation initiale
– évènement perturbateur
– récits des conséquences et évolution des intrigues jusqu’à leur résolution
– conclusion, épilogue

C’est aussi vrai pour une histoire de cul fétichiste d’un soir qu’une épopée fantastique des Hobbits apprenant l’alpinisme et la géopolitique à travers les Terres du Milieu.

On parle généralement de « début, milieu, fin », ou de « thèse, antithèse, synthèse », en commençant par une scène d’exposition qui doit montrer ce qui est considéré comme normal dans l’univers du récit en expliquant le moins possible, mais vous apprendrez très vite qu’il n’y a pas de recette miracle et qu’un peu d’audace est souvent bienvenu. Ceci dit, c’est un bon moyen quand on débute de poser ses intrigues dans un cadre ultra simple comme celui-ci.
Fun fact, le terme yaoi est un raccourci d’une phrase signifiant à la base « pas de début, pas d’intrigue, pas de dénouement », avant d’être un genre de récit racontant des romances et du cul entre hommes dans des fanzines. Bref.

Vous pouvez développer des arcs narratifs liés uniquement à des personnages, consacrer des scènes de chapitres selon différents points de vue, jouer avec le temps en faisant en sorte que l’intégralité de l’histoire se passe la même journée, mais vue par différents personnages, ou par un seul qui se demande comment sortir de la fête de la marmotte et en profite pour devenir quelqu’un de meilleur alors qu’il est motivé par la séduction d’une belle blonde.
Les choses se passent différement selon le genre dans lequel vous écrivez, et il est souvent conseillé de se tenir à un seul genre pour ne pas perdre les lecteurs. Drame, comique, tranche de vie, conquête, documentaire, romance, érotisme, parodie, action, thrillers, les histoires de RPG, les journaux personnels, la jeunesse, les premières lectures, les romans pour ados, les essais intimistes d’auteur aussi… chacun de ces genres porte en lui des codes façonnés par des tas d’histoires qui se font références entre elles et en jouent. Vous aussi, jouez en. On est quand même pas venus là pour beurrer les sandwichs.

Mettons que vous ayez une histoire en particulier sur laquelle vous voulez avancer.
Essayez de lister les intrigues contenues dans votre histoire en de très courtes phrases, pour voir quelles sont les étapes clés. Ce sont d’excellents moyens de définir des scènes de chapitre et de repérer les proportions à consacrer à chaque partie.

Vous pouvez adapter la structure de base en gardant en tête qu’il n’y a pas besoin de raconter l’intégralité de la vie de tout le monde pour faire une histoire. Regardez les pièces de théatre ou les billets de blogs dessinés. Essayez d’abord de vous lancer dans des histoires très courtes. C’est important de commencer petit si vous voulez apprendre de vos propres erreurs. La plupart des artistes que je connais, très inspirés par des récits interminables souhaitent faire de même, mais c’est une mauvaise stratégie.

*** Réexaminez vos écrits plus tard

Relisez vous, utilisez des correcteurs d’ortographe et de grammaire, comme Grammalecte dans LibreOffice. Gardez la main sur les fichiers de vos écrits, faites en sorte qu’ils soient automatiquement sauvegardés et que vous puissiez facilement revenir dans le temps. Et laissez vous le temps de relire plus tard pour avoir un regard neuf, plusieurs jours plus tard. Annotez vos écrits pour définir ce qui vous y déplait et demande d’être retravaillé. Faites plusieurs supports de textes pour noter vos remarques de façon générale ou plus ciblée sur une partie du récit.
Oui, cela demande de s’organiser un peu, mais généralement vous vous en sortirez avec un logiciel de traitement de texte et un agenda, ou juste quelques feuilles de papier et un crayon. Comme vous préférez, et surtout, comme ça vous parait utilisable au quotidien.

Apprenez à ne pas tout dire, à formuler les choses de façon subtile, ou crue, à disperser des indices, à repérer les redites qui n’apportent rien, à faire s’affronter des visions différentes incarnées par des personnages antagonistes.
Regardez comment les thématiques de philosophie sont abordées différemment selon les époques alors qu’elles parlent de sujets intemporels: la vérité, la réalité, la liberté, la technique, le désir, le bonheur, l’éducation, l’éthique, le féminisme, l’histoire, le travail, les sciences, la logique, la pratique, le care, le droit, l’altérité, les limites de nos connaissances, l’oubli, la différence entre la forme et la fonction…
Beaucoup d’histoires sont des déclinaisons autour de quelques thèmes philosophiques, certains théorisent les choses en les simplifiant au maximum en disant que toute histoire ne parle que de désir et de mort, d’Eros et de Thanatos. Parce que quand on dit des trucs en latin on ne peut pas se tromper, nesspa?

Je me rappelle de cours de scénario quand j’étudiais la BD à Bruxelles, voici quelques citations:
#+begin_quote
Tant que les personnages sont intéressants, leurs histoires seront intéressants
#+end_quote
On y a vu des notions importantes autant au cinéma qu’en écriture de texte, ou de récit illustré.
#+begin_quote
On attend des personnages d’un récit qu’ils soient mis face à des épreuves toujours plus difficiles avec de moins en moins de moyens pour y faire face.
#+end_quote
On dirait aussi une description de ce qui nous arrive avec le changement climatique, ha ha! C’est un bon moyen de creuser les ressources de vos personnages et de faire comprendre leurs choix. On peut par exemple prendre une situation conflictuelle banale, se demander comment réagirait quelqu’un de normal, et choisir de suivre un récit où un personnage, justement, réagirait autrement pour voir ce que ça donne. Ce n’est pas forcément une option pertinente, mais c’est une astuce pour essayer de raconter les choses.

On peut aussi aller physiquement se frotter au monde réel pour enrichir ses histoires:
#+begin_quote
Il faut que vous alliez sur place quand vous voulez raconter ce qui se passe dans un lieu de votre histoire, ne restez pas toute la journée devant un bureau. Si vous voulez dessiner l’histoire de cheminots qui mettent du charbon dans une locomotive pendant l’hiver, allez sur place, rencontrez des personnes, sentez la chaleur du feu dans la cabine devant vous, et le froid du vent dans votre dos. Partez de personnes réelles pour contruire les caractères de vos personnages.
– Peter Schuiten, rencontré pendant mes études de BD
#+end_quote

Travaillez les façons de parler, les tics de language, les gestuelles, la façon de se déplacer ou de penser de vos personnages pour qu’on les distingue vraiment. Pas besoin d’en faire des caisses, mais pensez-y.

Les gens ne sont pas omniscients, et ils viennent d’un certain environnement social qui en général ne se mélange pas aux autres. Étudiez un peu la sociologie, voyez comme on fait de nécessité raison pour rester dans un environnement mental et matériel qui correspond aux goûts que l’on a appris à aimer malgré nous.
Comparez les privilèges à la naissance, les différentes sortes de capitaux à leur disposition, et les angles morts que vos personnages ne seront pas en mesure de comprendre au premier abord. Je ne saurais que vous recommander les résumés et le livre de Bourdieu sur La Distinction qui détaille tout cela.

#+begin_quote
Tant que les personnages sont les mêmes, je ne suis pas inquiet quand à ce que feront les scénaristes dans l’adaptation.
– auteur de Love Hina
#+end_quote

Construire une histoire et des personnages peut se faire en structurant son récit et en utilisant des modèles dans une simple feuille de calcul, dans une structure de notes avancée, dans un logiciel de prise de note spécialement dédié.
En tant qu’écrivain on a aussi besoin de pouvoir définir les avancements de l’écriture dans certaines zones, annoter les textes, voir une trame, définir des intrigues, savoir où on en est de ses objectifs de durée, pouvoir mesurer les parties, corriger le fautes simplement et dans notre langue.

Certains logiciels proposent cela, et utiliser un language avec des balises est un atout. Mais avant de céder aux sirènes des applications en ligne, rappellez vous que ce n’est pas une garantie de pérennité. Les documents google drive par exemple se réservent le droit de vous bloquer l’accès à vos documents si l’envie leur prend, que ça s’est déjà produit, et qu’il n’y a aucun moyen de recours.

Si vous avez déjà pratiqué l’écriture, vous savez sans doute que Rome ne s’est pas faite en un jour, et qu’il est courant d’écrire une partie, puis de sauter à une autre, de retaper un bout, puis un autre, de mettre à la benne une partie, de réorganiser le tout, de ne pas savoir comment dire certaines parties, de vous questionner sur comment réagiraient vos personnages et ce qu’ils peuvent faire pendant le temps d’un passage qui ne les concerne pas et de partir à redéfinir un bout de leur histoire suite à ça, de noter des idées sans les développer pour le moment, de placer des indices en amont après avoir écrit une scène sur la fin, de laisser mûrir la réflexion, d’essayer de voir comment d’autres structurent, de dessiner des lignes de temps… C’est parfaitement normal.
Les allers et retours dans l’écriture permettent à votre histoire de gagner en cohérence.

Un regard extérieur capable de faire des critiques constructives sera d’une grande aide. J’insiste sur « capable de faire des critiques constructives » 😉

Autre astuce: bien qu’il soit plaisant d’écrire, ce ne sera pas une partie de plaisir à tous les étages, certaines étapes demanderont considérablement plus de travail et vous demanderont de l’introspection et du courage pour changer. N’espérez pas que vos proches aimeront sans condition tout ce que vous aimerez, c’est important quand on débute d’être soutenu et encouragé plus que nécessaire pour éveiller de l’intérêt dans une activité, mais ce n’est pas ce qu’on attend d’un adulte. Apprenez à recevoir les critiques sans vous sentir menacé personnellement. Vous racontez des choses personnelles, cela ne vous autorise pas à être un trou du cul quand quelqu’un vous suggère que ce serait mieux de le raconter différemment, ou vous dit très honnêtement qu’il ne trouve pas ça bon ou qu’il ne comprend pas ce qui se passe dans l’histoire.
Les retours constructifs sont précieux pour vous améliorer, c’est peut être dur à entendre, surtout quand on est étudiant et que l’on découvre que jusque là on était pas entouré de critiques professionels et pertinents. C’est l’occasion de faire mieux et de raconter des choses qui ne sont pas uniquement issues de notre expérience, d’en apprendre d’avantage sur les sujets qui nous intéressent, et de s’inspirer du meilleur comme du pire.

*** Relax, take it easy

Ne vous mettez pas trop la pression. Jetez des idées sans vous dire que vous devrez absolument les développer ou les appliquer. Laissez de la place aux choses qui vous plaisent, autorisez vous à les envisager juste pour le fun. Notez des trucs, même si vous allez les jeter par la suite. Faites un tour, marcher est un très bon moyen de ne pas bloquer sur un bout de récit. Ou du vélo, ou ce que vous voulez qui vous permet de changer un peu d’air, idéalement tous les jours.

*** Vous n’êtes pas une conscience pure et isolée du monde

Vous n’êtes pas une sphère isolée entre les galaxies tel que débute tout intitulé d’exercice de physique, nos inspirations sont importantes, nous sommes issus d’un certain historique et avons nous aussi une influence sur d’autres malgré nous. Chercher à le nier ne vous aiderait aucunement dans vos écrits.

À une époque je croyais que moins je lisais ou regardais comment se théorisaient les oeuvres d’autres gens, plus je serai en mesure d’exprimer quelque chose de personnel « sans influence ». Ça ne fonctionne pas bien, c’est un bon moyen de ne pas s’améliorer. Et c’est dommage d’ignorer les super travaux faits par d’autre, qui ont trouvé des astuces utile il y a de ça parfois des miliers d’années.
#+begin_quote
Tout est écrit mais rien n’est compris
#+end_quote
Comme dirait un certain Belge « lire un livre est en fait le meilleur investissement de temps que vous pouvez faire, cela permet de vous imprégner de l’expérience de toute la vie d’une ou plusieurs personnes en seulement quelques heures ».
*** Garez la maîtrise de votre attention.
Cependant, un point où il est bénéfique de s’isoler c’est d’apprendre à regagner la maîtrise de son attention en supprimant les notifications de son téléphone. Voire, apprendre à vivre déconnecté, pourquoi pas écrire à la machine ou sur un papier, construire une routine avec un emploi du temps, ou pas. Mais une chose est certaine, aucune vibration de smartphone ou des appels intempestifs ne vous aideront à écrire tranquillement. Essayez le mode avion. Essayez de voir dans les paramètres du téléphone la section « notification » et désactivez tout. Vous n’avez pas besoin de ces conneries.

Essayez de mettre votre téléphone dans une autre pièce, vous allez survivre. Vous n’avez pas besoin d’un flux d’info pétées en continu ou de répondre à quelqu’un qui a tort sur internet. Définissez des règles avec les autres personnes qui vivent avec vous, changez de lieu pour travailler, essayez de sortir des idées à l’oral avec un logiciel de transcription, faites des listes, changez d’activité physique, changez les idées, les possibilités sont nombreuses.

Si vous aimez lire du mangasse, il en existe un particulièrement fourni sur le sujet de l’écriture d’histoire et de personnages qui met en perspective des façons radicalement opposées de pratiquer l’écriture que je vous recommande chaudement: Bakuman.

Enfin, inspirez vous d’autres artistes et décortiquez comment ils ont fait, notez ce qui vous plaît, faites des schémas, des dessins pour comprendre, et apprenez à ne pas être juste en admiration béate face aux gens talentueux. Essayez de saisir ce qu’elles et ils ont fait. Notez des références à des oeuvres, sauvegardez des pages web qui vous semblent notables pour votre oeuvre, faites une bibliographie.

J’aime bien voir comment d’autres disciplines construisent leur communication ou leur projets, que ce soit en biologie, en architecture, en ingénierie, ou avec des gens qui font des vidéos pour critiquer les films voire les nanars avec plus ou moins d’humour et de bonne foi. Beaucoup de disciplines peuvent nourrir votre réflexion dans d’autres domaines. C’est souvent comme ça que ça se passe dans la recherche scientifique d’ailleurs.

Soyez fous, vous pouvez même demander directement à d’autres auteurs comment ils et elles font, à distance ou en allant à leur rencontre. Vous verrez que la plupart du temps ils seront ravis d’en discuter.

N’ayez pas peur du mot fin.
Les histoires se finissent, certains auteurs auront du succès uniquement sur un de leurs titres, sur une saga, certes, mais il faut savoir avancer aussi en tant qu’auteur ou autrice. Laissez vous de la place pour grandir en tant qu’artiste.
À vous de jouer.

[[https://gedakc.users.sourceforge.net/display-doc.php?name=manuskript-novel-writing][Using Manuskript to Write a Fiction Novel — Linux Crumbs]]
[[https://code-garage.fr/blog/le-guide-simplifie-sur-la-syntaxe-markdown][Le guide simplifié sur la syntaxe Markdown (avec exemples) – Blog – Code-Garage]]
[[https://github.com/yibie/Emacs-for-Writers-from-Jay-Dixit][GitHub – yibie/Emacs-for-Writers-from-Jay-Dixit: Emacs for Writers]]
[[https://fr.wikihow.com/%C3%A9crire-un-r%C3%A9cit][Comment écrire un récit: 13 étapes (avec images)]]

Sketches de Toulouse

Quelques jours à Toulouse étaient l’occasion de se voir avec Regulus et Aube, on a visité le pays malgré la grisaille, revu la cité de l’espace et ses ouatmille trucs à voir et à essayer (y’en a plein, on ne peut pas tout voir en une seule journée X)), tester un restaurant végé vachement sympa nommé la Faim des haricots. omnomnomnom! C’était un peu notre reuvayvaule de la petite vadrouille.

De L’isolement social et des choix de vie

On a pas mal relayé l’idée qu’il fallait de la distanciation sociale, et plus particulièrement de la distanciation physique, sauf là où cela génère du pognon bien évidemment. Mais il n’y a pas que des directives hasardeuses du gouvernement qui ont conduit à une distanciation de plus en plus énorme. Avec l’âge, les difficultés à affronter pour revoir ses potes et ses proches sont croissantes. Petit récap sur ces dix quinze dernières années.

photo entête: « DSC00031/French Polynésia/Mooréa Island/ » by dany13 is licensed under CC BY 2.0

Les cercles qui ne se mélangent pas

« Isolation » by dingatx is licensed under CC BY-NC 2.0

Le couloir relationnel des écoles

L’école est la source principale des liens entre personnes. à partir de là on fait connaissance avec des potes de potes, et ça a toujours été ainsi jusqu’à l’arrivée de web dans les chaumières. Sortir des cercles de gens connus et pouvoir explorer un peu plus loin que les couloirs des études demandait des efforts bien plus importants à l’époque sombre précédant l’arrivée du web dans les maisons. Comme pour énormément de gens, les personnes avec qui j’entretiens des relations depuis longtemps ont été rencontrées dans les cours de récrés scolaires. L’organisation de soirées à permis à tout un chacun d’apporter de la variété dans ses contacts et de rencontrer de nouvelles personnes. Pendant un temps on maximise les espaces où on peut faire du mixage de gens variés, puis lorsque l’on rentre dans la vie active on est vite fatigué, on trouve nos préférences, on préfère fréquenter moins de personnes à la fois pour mieux connaître les autres, on évite certains contextes où ça ne nous amuse plus de voir des gens repousser les limites d’eux même n’importe comment. Les festivals autour de centres d’intérêt variés ont permis d’élargir mes cercles de relation, les forums en ligne, les associations, les contributions aux logiciels libres, les clubs de sport… Je n’ai jamais tellement tenté les sites de rencontre quand j’étais célibataire, donc je ne saurai pas vous dire si ça permet vraiment de rencontrer des gens intéressants. Enfin, Il existe des tas de moyens de rencontrer d’autres personnes, ça demande de faire l’effort de se déplacer parfois loin, ou de changer légèrement ses habitudes, mais ça vaut souvent le coup.

Le mur de la clope

Un des premiers remparts à la sociabilisation a été l’omniprésence des clopeurs dans mon entourage. On veut juste être bien avec ses potes, et on doit respirer de la merde qui nous raccourcit l’espérance de vie quasi en continu. Et encore, j’ai commencé à voir des potes à une époque où cloper dans les restos était devenu interdit. C’était déjà bien dégueulasse dans les wagons de train, mais dans les restos au secours quoi.

De fait, j’ai cherché à diversifier mes cercles de gens uniquement pour ne pas souffrir tout du long. Fort heureusement je fréquentais des gens qui globalement clopaient en extérieur et avaient un tant soit peu de respect pour les non fumeurs. Il faut dire que globalement, parmi les personnes qui dessinaient j’étais très surpris de voir que c’est un milieu où les gens sont globalement de la culture straight edge sur ce point. Bonne nouvelle par la suite, c’est grandement passé de mode parmi mes vieux amis, se voir était donc beaucoup plus agréable par la suite. Point bonus, on a tous rallongé notre espérance de vie.

La limite du pognon

Il y a peu de chances que vous fassiez les mêmes activités que des personnes incroyablement plus fortunées que vous pour la simple et bonne raisons que des barrières autour de l’argent existent partout. Je n’ai jamais trop vécu cette limite de ressources, sauf quand il s’agissait de dépenser un pognon que je n’ai pas pour contribuer à des rencontres-beuveries du temps où j’étais élève de collège/lycée. Là où se faire un kebab, un fast-food, une partie de laser quest, se payer des cartes magic ou des mangas coûte assez peu cher à la fois, les soirées beuveries demandent des dépenses plus importantes et c’est là qu’apparaissent les budgets de chacun. C’est souvent pour ce genre de choses, des fringues, et pour des clopes, que les élèves commencent à faire des petits jobs qui paient mal, dans des conditions qui attaquent durablement la santé. Ce que j’ai fait le moins possible. Ce n’est qu’après mes études supérieures, payées par mes parents, que j’ai enfin pu être beaucoup plus zen avec mes activités, n’ayant plus à monitorer très précisément mes dépenses, je n’avais plus à vérifier scrupuleusement le prix des choses et chercher les produits bas de gamme à tous les coups.

Il faut reconnaître que les budgets que l’on alloue aux loisirs sont directement liés aux activités sociales que l’on peut se permettre. manger un kébab entre copains: pas cher. Faire un tour en avion zéro G entre copains: un peu plus cher. Sortir en discothèque: super cher.

La barrière de la langue

Ne pas parler la même langue constitue une barrière très importante pour fréquenter des gens, et à plusieurs niveaux. Quand bien même on se comprend, il peut exister des écarts culturels très inattendus. Heureusement ces écarts suscitent bien plus souvent de l’amusement et de la curiosité que de l’hostilité. J’ai rencontré des chocs culturels bien plus importants avec des personnes parlant exactement la même langue que moi et ayant le même âge qu’avec les étudiants Erasmus venant de pays à des milliers de kilomètres. Comme j’avais de l’intérêt pour la langue anglaise depuis un bout de temps, la barrière de la langue a été assez faible en ce qui concerne les gens avec qui j’ai pu sociabiliser. On peut se faire comprendre par énormément plus de gens sur terre si on parle Englishe que si on parle Mandarin. La Langue aurait pu être une barrière forte mais je n’ai pas l’impression que ça l’a été. Il aura fallu tout de même attendre les environs de mes 22 ans pour que je puisse commencer à comprendre une vidéo parlée en Anglais sans sous titre. Un truc qui sert beaucoup dans la vie mine de rien.

De simples divergences de parcours

Les amitiés se font et se défont régulièrement et c’est bien normal.

Voir du monde quand on a dépassé la trentaine, que l’on a un boulot chronophage (ou une vie associative avec des gérants humainement toxiques qui n’hésitent pas une seconde à épuiser leurs membres, pour ne pas citer une certaine association écolo) et qu’on a fondé une famille dont les enfants ne seront pas autonome avant une vingtaine d’années demande d’aller à l’encontre d’énormément de contraintes pour avoir une vie sociale un minimum satisfaisante, voire une vie personnelle, non dédiée à l’entretien de quelqu’un d’autre, un minimum existante. Il faut savoir rejeter et parfois affronter certains de ses proches et moins proches pour garder des liens que l’on estime précieux avec des personnes qui ne sont pas accessibles en deux minutes à pied.

Certains liens ne valent pas le coup, d’autres oui, mais pour le déterminer il ne faut pas attendre que ce soit toujours aux autres de nous contacter. Couper concrètement des liens avec de vagues connaissances est une chose plus difficile émotionnellement que de mettre un râteau à quelqu’un. C’est parfois nécessaire, car notre temps n’est pas infini et il vaudrait mieux le consacrer à des personnes importantes. Mais ce n’est pas évident de trancher aussi, car un manque de relance ne signifie pas forcément un désintérêt de la relation.

Un manque total de retour suite à des relances, ou si l’autre annule systématiquement les RDV et ne propose aucune suite est cependant un bon signe que l’autre personne ne souhaite pas poursuivre. Dans ce cas il vaut mieux aller se faire foutre un œuf et tout le monde ne s’en portera que mieux.

Jamais par écrit

Certains gens qui foutent des vents par écrit et ne savent pas répondre autrement que par téléphone histoire de bien faire perdre son temps et le monopoliser par l’interruption des activités de l’autre, alors que l’on peut distiller dans le temps des échanges par écrit sans monopoliser totalement le temps des autres. L’écrit a de nombreux avantages pratiques. Mais pour un nombre incroyable de gens, seul l’échange oral est un véritable échange, contrairement à ce que la justice considère comme opposable. Certaines personnes n’envisagent pas que l’on puisse garder un lien social autrement qu’à l’oral. Illettrisme ou juste habitude culturelle, allez savoir.

C’est particulièrement pénible dans des relations ou aucun affect n’est en jeu, typiquement quand on paie quelqu’un pour un service par exemple et que l’entreprise en face n’est pas foutue de faire son boulot autrement que si on lui parle au téléphone, qu’on lui rappelle régulièrement que ça va chier pour eux si ils ne font pas ce qui est convenu, ou qu’on les menace carrément de procès. Parfois, il vaut mieux s’équiper d’un avocat qui saura faire les bonnes lettres recommandées, on a tout simplement pas d’autre option pour faire aboutir des choses pourtant simples. Notamment lorsque l’on paie des travaux dans le domaine du bâtiment.

L’énergie à investir pour une discussion synchrone est affreusement plus grande que pour une discussion asynchrone où on peut en plus énoncer clairement nos attentes. Cependant, les échanges par e-mail c’est inadapté à beaucoup de cas d’usage. L’e-mail ça reste une idée vraiment merdique pour gérer des listes de choses à réfléchir à plusieurs ou pour réunir des documents. Il vaut mieux une discussion sur un canal, un forum, un wiki, un dossier partagé, ou des gestionnaires de tickets.

L’essor des messageries et des réseaux sociaux a changé de beaucoup la façon d’entretenir ou ne pas entretenir des liens. Il suffit de rechercher à un seul endroit du nom d’une personne pour pouvoir la joindre ultérieurement et avoir une idée assez précise de ce que cette personne souhaite mettre en avant de sa vie. Ou du moins, de ce que le GAFAM que l’on consulte veut bien encourager à mettre en avant. Demander le numéro de téléphone d’une personne est autrement plus intrusif que demander son nom, ce qui est un énorme revirement de perception de ce qui constitue une information qu’on ne donnerait pas à n’importe qui. Quand bien même on installe volontiers des tas de mouchards sur un objet qui fait de la collecte dans nos poches, en continu, sans que l’on ait à écrire quoi que ce soit.

Le nombre de Dunbar donne une idée du nombre de gens avec qui l’on peut réellement entretenir des relations, et ce nombre est bien plus petit que le nombre de gens dans votre carnet d’adresses ou vos “amis” facebook. C’est le même nombre que le nombre de pokémons: 150, soit le nombre de convives dans un mariage assez gros. ça ne veut pas dire que ces 150 personnes sont tous vos BestFirendForevar, ou que vous ne pouvez plus avoir de relations au bout de 151 personnes. ça veut juste dire que vouloir entretenir des relations stables avec un plus grand nombre de personnes est difficle, et encore, la fiabilité des études qui a amené à cette conclusion est largement remise en question et semble peu applicable à la vie sociale de 2021.

La disparition de lien se pratique aussi par absence de sollicitation et l’absence de réponse à une sollicitation pour d’autres raisons que la culture ou l’habitude: quand on souhaite ne pas entretenir une relation mais sans forcément se lancer dans des hostilités ouvertes. Car bien évidemment, on fait le tri dans ses contacts de façon plus ou moins consciente, et on ne souhaite pas garder de lien avec tout le monde sans avoir à aller enterrer des corps. Ce ne serait vraiment pas très sympa, comme dirait un ami philosophe.

L’exode urbain

J’ai une bonne partie de mes contacts qui datent des études primaires, et bien qu’on ait tous des parcours d’études et des jobs assez différents, on restait en contact car nos parents habitaient toujours la même ville. Il était donc facile de se croiser à l’occasion où nous allions voir nos parents respectifs. Certains ont posé leur logement pas très loin de là, quasiment dans la même ville, d’autres à des milliers de kilomètres.

Chacun fait sa vie et adopte de nouveaux horizons comme il peut, certains parents font leur vie ailleurs, d’autres souhaitent reprendre contact sans succès, certains conflits éloignent des parties de cercles, des ruptures amoureuses font disparaître des groupes qui étaient reliés ensemble d’un seul coup de part et d’autre, d’autres ne songent pas à prendre de nouvelles plus par oubli que par désintérêt, et certains ne sont tout simplement plus en vie, emportés par des accidents de sport ou de voiture, un cancer foudroyant, ou une attaque cardiaque qui ne prévient pas comme ça a été le cas cette année. Il n’y a pas que le COVID qui tue, mais à cause de la saturation des urgences à cause de la politique mortifère du service public que l’on subit depuis des années, il n’y a plus de place pour les soins des autres maladies. Et malgré la crise, des lits de réanimation (ce qui inclut le personnel compétent nécessité par chaque lit) n’ont cessé de diminuer.

L’Isolement parental

Une bonne partie des gens que je fréquentais depuis toujours se trouvaient être des contacts de festival de fanzineux. Ainsi, bien avant que ne survienne la pandémie de Covid 19, une bonne partie des gens que j’avais l’habitude de fréquenter régulièrement dans des couloirs et jardins de festivals avait disparu plus ou moins de ma vie. Être parent nous fait basculer dans un univers parallèle où subvenir au besoin vital de sommeil est un combat, jour et nuit, et un marathon qui vient s’ajouter aux difficultés habituelles que l’on doit tous affronter. Sauf si on a eu assez de chance à la naissance pour être propriétaire de son temps et ne pas avoir besoin de travailler au maximum pour survivre, et enrichir le capital de quelqu’un qui a eu d’avantage de privilèges à sa naissance.

Devenir parent c’est aussi prendre 4 fois plus de temps pour faire de nombreuses choses, créer de nouveaux rituels, devoir aller énormément plus souvent chez le médecin, perdre un temps fou à faire des préparatifs dans tous les sens avant de faire quoi que ce soit, s’alourdir d’un équipement énorme à la moindre sortie, et ce pendant quelques années. Le plus encombrant étant bien sûr la période des premiers mois. Montages de couches et produits de nettoyage en tous genre, conteneurs adaptés aux nourrissons pour dormir, manger, se déplacer (poussette), outils de sécurisation des espaces, siège auto qui doit changer de taille, bavoirs, multi couches de mini vêtements dont le prix est inversement proportionnel à la surface de tissu (un peu comme les strings :D). Pour beaucoup, cela signifie aussi changer de voiture, beaucoup de moyens de transports en commun étant totalement inadaptés à l’utilisation d’une poussette.

C’est aussi être plus ou moins contraint de ne fréquenter des gens qui répondent aux mêmes contraintes de disponibilité, sans quoi on doit faire peser sur son partenaire ou un prestataire de garde tout le poids de la gestion d’un nourrisson avec sa cohorte de besoins personnalisés. La communication interne au couple est aussi brouillée par des bruits incessants et des dérangements en tous genre. Obtenir des moments au calme, rien que pour réfléchir un peu, ou discuter entre parents, ou vraiment dormir est un combat qui devient rapidement insupportable.

Notre santé est exposée et nos défenses immunitaires mises à l’épreuve de tout ce qui traîne dans les écoles et les crèches sans échappatoire, peu importe le nombre de fois que vous vous lavez les mains, mettez du gel hydro-bourré, ou portez un masque. Alors que faire du télétravail et se faire livrer des courses nous préserve en bonne partie de la pandémie, il n’est juste pas gérable de travailler et de garder notre enfant en bas âge en même temps. Toute personne qui vous dira le contraire est un branleur de politicien qui a des domestiques pour gérer ses enfants. On a beau avoir eu la joie de vivre enfin dans une maison et ne plus subir les emmerdements nocturnes de nos voisins fêtards deux ou trois fois la semaine, il reste des emmerdements auquel on ne peut pas échapper.

Vous avez probablement déjà eu vent de ce que signifie le confinement pour vos proches, et je suppose que mon témoignage ne vous sera pas étranger. Pour certains c’était de l’ennui interminable, du vide, de la non sollicitation, quelques trucs marrants, mais globalement du vide plutôt pesant. Quand on le vit en fréquentant des adultes capables de discuter de leur ressenti et de respecter nos distances ça se passe globalement bien, mais quand on vit avec un ou des enfants en bas âge c’est juste l’enfer. Subir la présence de personnes que l’on apprécie d’habitude, sans aucun espace de détachement, sans moyen de souffler, même si on les apprécie en temps normal, est une horreur pure et simple.

Nous n’avons pas tous les moyens d’avoir des domiciles secondaires avec 52 chambres et leurs commodités séparées comme chez le Duc de Hastings. Tourner en rond sur son balcon ou marcher à proximité de chez soi seul ou avec son chien sont un palliatif léger à cet enfermement, mais le plus difficile est de ne pas pouvoir échanger ou se confier à des proches en toute intimité.

L’isolement se fait aussi à même le corps, le confinement ayant arrondi à peu près tout le monde. Oh bien sûr on peut aller courir dehors tout seul, ou faire de la ballade à vélo, mais l’état mental ne s’y prête pas. Du moins en ce qui me concerne. Remonter la pente est toujours plus difficile quand on a rompu nos habitudes de déplacements. Faire du sport demandant bien plus de motivation seul que lorsqu’on le fait en équipe. C’est aussi pour ça que j’ai dépoussiéré mon vélo et que je me suis lancé dans le mapping openstreetmap, aidé par la sociabilité de quelques cannaux de communication du projet.

La motivation descend pour beaucoup de choses, prendre contact avec des proches tout en sachant qu’on ne peut pas profiter de contacts légers en direct est également un poids. Je n’ai aucun problème à être une pipelette avec des personnes que je vois en live, mais le téléphone reste un truc qui me gave dans l’ensemble. C’est très TRES rare que j’apprécie ce médium. Si bien que je comprends complètement la motivation de Xav qui a préféré garder l’ordiphone et se débarrasser de sa carte SIM dans son quotidien. C’est un moyen très efficace pour enfin être propriétaire de son temps.

À l’opposé de ça, c’est un soulagement que de ne plus avoir à subir des heures de transport en commun (ou pas en commun) pour gagner ma vie à faire la même chose que ce que je pourrai faire à la maison, les emmerdements d’un espace de conflit comme un open space en fournissent à foison en moins, et en ayant d’avantage de contrôle sur les moments lorsque je choisis d’être joignable.

Choisir son temps de travail et de calme, et ne plus suivre l’horloge de quelqu’un d’autre est un gain énorme de qualité de vie. Mais ça demande encore d’avoir un espace de travail possible.

L’exode des GAFAM

Au début, j’ai testé plusieurs hypothèses afin de valider des alternatives pour être sûr que sortir des GAFAM n’allait pas me couper totalement des gens que je fréquente. Utiliser principalement le téléphone et des messageries m’a permis de garder contact et de voir vraiment des gens, ni plus ni moins qu’avant. La tranquillité de pouvoir discuter sans encarts publicitaires et des popups désagréables à tous les coins de mes conversations, ainsi que la transmission de toute activité à plusieurs centaines d’acteurs aux activités criminelles, ayant un effet de facilitateur de dépression avéré, et de totalitarisme, aidant à faire assassiner des militants en tout genre, enregistrant tout ce qu’on se raconte en continu pour le revendre au plus offrant, sur des lieux bien plus vastes que sur juste un seul site web.

Sortir des GAFAM m’a permis d’avoir des relations plus posées, de ne plus remplir mon temps d’un spectacle mensonger de la vie de vagues connaissances, de m’offrir du temps réellement dédié à la concentration, à l’essai de choses qui m’intéressent sans l’unique perspective de me demander si je pourrai faire grimper un compteur de likes avec cette activité, et peut être même de plus souvent voir des gens qui avaient plus ou moins disparu de mes habitudes de sorties. J’ai exporté mes données afin d’archive, puis noté les anniversaires des contacts avec qui j’avais régulièrement des liens pour que ça signifie quelque chose.

Donner du sens à son temps, ne plus chercher à le tuer, s’accorder autre chose qu’une parfaite optimisation utilitariste pour combler le vide, et maximiser l’asservissement aux dominants.

Le poids des dominations

Changer ses habitudes de communication, ou plus simplement ses habitudes tout court va à l’encontre du fonctionnement de base de notre biologie, c’est une des raisons qui fait qu’il est si difficile de se défaire de ses addictions, et plus généralement de ses habitudes, surtout quand on est tout seul à vouloir les changer dans un groupe.

On veut rentabiliser nos efforts, mais il est des cas où cette logique ne fait aucun poids: la domination.

Si quelqu’un a suffisamment d’influence sur vous, vous allez avoir tendance à dire amen à tout ce qu’il vous impose, c’est très vrai dans le monde du travail, ou encore dans le domaine de la vie en ligne où l’effet de réseau est le plus évident. Si tout le monde à l’air d’être quelque part et fait suffisamment de prosélytisme, ou vous vend les sirènes du succès, de la gloire et de la fortune, surtout si il vous dit que tout le monde peut y arriver facilement en ignorant totalement les embûches dûes au système et à la dissymétrie des pouvoirs, il suffit d’un bon budget com’ et de négation de la science, avec pourquoi pas une bonne dose de pensée magique (décortiquée ici dans l’émission Méta de Choc) pour que vous vous sentiez obligé d’aller faire partie des gens présents, ou que vous rejoigniez une secte, une arnaque en tout genre, ou un site web.

Le plafond est très plaisant mais que faire?

Ce texte à été écrit en Mars 2021, juste après le décès de Pansai, un vieil ami mort prématurément d’un problème cardiaque alors qu’il avait à peine 35 ans. Triste nouvelle qui a secoué bon nombre de gens dont je raconte les aventures sur ce blog depuis 2003. Durant l’année 2020, beaucoup de personnes ont disparu prématurément, de COVID ou d’autres raisons. La fragilité de la vie et le poids des décisions politiques de parfaits connards historiquement hostiles à tout progrès social et à toute justice fiscale (entre autres) m’a amené à me demander ce qui fait que des gens disparaissent, quel rôle on a dedans, et comment faire en sorte que les gens que l’on apprécie ne disparaissent pas de nos vie trop vite. Il n’y a pas de solution miracle, beaucoup de bonnes et de moins bonnes raisons font que l’on s’éloigne de gens que l’on estime durant une bonne partie de notre vie.

Aussi, comme Tim Urban, je vous invite à tout d’abord prendre conscience de la limite du temps qu’il vous reste, à voir graphiquement que nous nous trouvons dans la traînée finale de beaucoup de choses que l’on imagine éternelles, puis à réserver régulièrement votre temps afin de réfléchir à la trajectoire que vous souhaitez adopter, quelques contraintes faire disparaître, qui fréquenter.

  • Vivre au même endroit que les personnes que vous aimez est important.
  • Les priorités sont importantes.
  • Le temps de qualité est important.

Encore faut il savoir ce que l’on met derrière ces notions.

La prise de conscience de nos propres limites physiques est douloureuse mais nécessaire à une vie que l’on aimerait remplie de choses qui valent le coup. Notez toutes les choses que vous aimeriez faire, ce que vous aimeriez examiner régulièrement, quelles habitudes vous souhaitez adopter, ou cesser, mais notez ces choses dans un simple fichier texte et essayer de grouper tout cela par catégories. Cela peut sembler artificiel, ou une masse importantes de choses une fois écrit, mais c’est un excellent moyen de trier ses envies et ses idées. J’ai depuis peu adopté une méthodologie proche de celle de Getting Things Done dans un fichier texte (dont je peux masquer des parties et trier les choses par tags) que j’alimente depuis mon tel ou mon ordi, et je suis vraiment satisfait de voir à quel point je peux avoir une vue globale du tout, ne rien oublier sans avoir le poids de la charge mentale qui va avec, et découper les choses en éléments simples, sur beaucoup de sujets différents.

Orgmode dans emacs est vraiment top pour gérer tout ça. Mais c’est un truc de barbu, emacs, et c’est super compliqué à maîtriser, surtout si y’a pas quelqu’un à côté pour répondre à vos questions. En tous cas vous pouvez tout à fait commencer par un simple fichier texte dans votre éditeur de texte pour simple mortel.

Faire le tri me permet de clarifier ce qui m’intéresse. Supprimer les distractions: couper toute notification, fermer les messageries, mettre le téléphone en mode avion, avoir son propre espace de concentration peut être en dehors de chez soi, se mettre dans des conditions confortables, toutes ces choses sont nécessaires à la réalisation de ce que l’on veut faire.

Prenez du temps hors ligne, révisez vos priorités, prenez le temps d’être vous même, d’aller explorer le monde, explorer vos propres croyances. Réservez des plages de temps pour examiner vos objectifs de vie, qui vous souhaitez inviter, voir, quoi faire et comment. Le reste viendra ensuite, mais ne restez pas passif vis à vis de vos cercles sociaux et ne laissez pas les autres décider de ce qui vaut le coup ou pas dans votre vie.

Origami et Premiers Flocons – 2e campagne de Claire Lemoine qui cartonne

plus de 118% à la campagne Ulule pour la sortie des deux prochains albums jeunesse cartonnés de Claire, ma chère et tendre. Plus que quelques jours pour les précommandes, ça se termine au 31 Mars faites passer l’info :3

On a réalisé une vidéo de présentation et mis le tout sur peertube. Have fun!

 

Vous pouvez aussi suivre ses actualités et ses avancements artistiques sur son compte Mastodon

@ClaireLemoine@mastodon.cipherbliss.com

et son site web https://clairelemoine.art

Oh un draw this in your style de 2020

et boum, un dessin de 2020. joyeux 2021, qu’on espère moins méchante pour tout le monde.

on est plus à l’aise après une bonne sélection de brushes et config de la courbe de pression dans #krita. #mastoart
#dtiys #drawthisinyourstyle #dtiysquiaozhi #geisha #cat #geishaballs #boobs

et un fichier de base avec les calques nommés dans des dossiers:

https://www.cipherbliss.com/wp-content/uploads/2020/12/dessin_base_tykayn.kra

 

Chers amis disparus dans les limbes des casinos sociaux

Cher amis et autres contacts plus distants de réseaux sociaux divers,
ce n’est pas parce que je ne vous aime pas que je ne passe plus sur certains prétendus « réseaux » sociaux et que je vous incite à fuir ces saletés de spyware et fast-food de l’attention que sont facebook twitter et compagnie, c’est précisément le contraire.
C’est parce que je tiens à vous que je veux vous faire comprendre que le plus coûteux est de rester dans une cage dorée qui vous méprise et vous manipule à longueur de temps.
C’est bien la peine de ne plus passer de temps devant la télévision si c’est pour la retrouver sous une autre forme mais avec des objectifs encore plus sales et efficaces: vous manipuler de façon ultra personnalisée pendant que vous imaginez être obligé d’utiliser ces services.
Une autre voie, d’autres alternatives sont possibles. Essayez les! Essayez Mastodon, Diaspora, Friendica ou autre. Essayez d’autres messageries instantanées comme Signal ou Telegram.
Reprenez vraiment contact avec vos amis éloignés, téléphonez, cherchez à savoir qui a disparu de vos flux d’informations, noyé dans le bruit. Désinstallez les applications de ces réseaux sociaux pourrits pour enfin lire les bouquins que vous auriez aimé lire il y a longtemps mais que vous avez délaissé  pour des récompenses immédiates sans grand intérêt, ces mêmes récompenses sensorielles que l’on retrouve dans les grands casinos pour vous faire oublier le temps. Ne reste que ce sentiment amer que vous avez gâché votre temps et votre journée à faire des choses improductives sans pouvoir y échapper, ou parce que vous ne vous sentiez pas la foi de faire quelque chose de mieux. Ce n’est pas un choix, c’est juste que vous êtes manipulés. Vous avez peur de rater quelque chose d’important, mais à chaque fois que vous allez répondre à une notification ou lire quelque chose qui semble important vous êtes trompés.
Comme dirait ce cher Lionel Dricot qui s’est lancé dans une déconnexion salvatrice de plusieurs mois:
Le premier pas consiste à s’en rendre compte pour enfin commencer à reprendre le contrôle.
Les bénéfices sont immédiats.
Loin de moi l’idée de vous dire qu’internet est une saleté dans son ensemble ou que vous devriez ne jamais l’utiliser. Vous remarquerez que ceux qui tiennent ce discours n’ont généralement rien à reprocher à la télévision, par exemple.
Certains vont plus loin en vous disant carrément que réfléchir c’est pas bien, que chercher à comprendre, est un comportement suspect.
Ne serait-ce qu’expliquer (coucou Sarkozy qui n’aime pas que l’on explique le fonctionnement des choses et prétend qu’on les cautionne forcément en expliquant, ce qui est très différent), ou à vouloir démêler le vrai du faux, chercher à savoir et tester les choses plutôt que croire aveuglément est un comportement suspect.
Je vous renvoie à cet excellent documentaire sur les preuves des crop circles d’Astronogeek qui a voulu savoir si des experts en crop circles (qui gagnent leur vie avec, ou pas, mais aussi les non experts) sont capables de détecter l’ouvrage humain derrière un agroglyphe réalisé par quelques vidéastes. C’est absolument passionnant. Et un peu flippant aussi de voir les conséquences vraiment dangereuses que ça a que de demander à des gens de « suspendre leur réflexion pour comprendre ». Ce n’est absolument pas anodin, des gens le paient de leur vie.
Passer moins de temps et fuir pendant des mois en continu ces réseaux de merde a amélioré la qualité de mes relations en tous cas. C’est aussi ce que témoignent d’autres personnes qui ont essayé.
Ça vaut le coup d’essayer d’autres chemins, de reprendre le contrôle sur votre temps, de sortir de l’emprise de google aussi. C’est pour ne pas prêcher QUE des convaincus que je programme ce post sur lesdits réseaux problématiques qui vont sculpter et réduire votre conception de ce qu’est une interaction sociale normale en ligne, et hors ligne.
Comme dirait un écrivain que j’aime bien, Mark twain: 
il est plus facile de berner quelqu’un que de lui faire comprendre qu’il a été berné.
(rien à voir avec Stéphane Bern)
Ce n’est pas parce qu’on ne se voit pas, ou qu’on ne se cause pas tous les jours que je ne tiens pas à vous non plus.
C’est parce que je tiens à vous que je vous emmerde avec tout ça, les communications sécurisées et les logiciels libres, ce sont vraiment des choses importantes. Une relation de qualité implique que l’on s’entraide, et quand je vois un ami qui se fait avoir sans qu’il ne s’en rende compte, la moindre des choses est de le lui faire remarquer et d’initier une réflexion sur des solutions possibles.
Voilà pourquoi Il fallait que vous le sachiez.
Pour certains parmi vous qui lirez ce message, nous ne sommes plus en contact depuis belle lurette, il se peut aussi que nous ayons été « amis » sur facebook ou twitter et qu’on ne le soit plus, de votre fait ou du mien.
Que l’on soit amis sur une plateforme ou non n’est d’ailleurs pas révélateur de la qualité de notre relation. Si vous vous sentez obligés d’avoir des réseaux sociaux à l’image la plus proche de la réalité de vos relations, il convient de se demander:
 
  • Pourquoi est ce que je le prendrais mal si telle personne refuse de m’ajouter à ses contacts alors qu’on a de bonnes relations par ailleurs?
  • Pourquoi je tiens tellement à ce que telle entreprise sache avec qui je souhaite être relié?
  • Est ce réellement bon pour moi et mes contacts ?
Parce que cela va à l’encontre de ce que quelques entreprises vous ordonne de déclarer de votre vie. Y’a d’ailleurs une chouette série sur ça, nommée Black Mirror, qui vous fera remettre en question nombre des usages et de certaines choses que l’on vous fourre au fond du gosier en les présentant comme du progrès.
Je tiens d’ailleurs à remercier celles et ceux qui ont bien voulu se lancer dans des essais d’alternative type Mastodon, Diaspora, Signal et Telegram suite à mes suggestions et pour leurs retours qui me permettent d’améliorer ces alternatives (ce qui ne sera jamais possible sur les plateformes privatives ).
Vous êtes des amours.
à un de ces jours IRL ou sur des messageries propres.
 allez, bisous!